31.10.06

A report on the next clues



I've been regularly reading a very good webzine called Nextclues, which is owned by a French music addicted but living in the US. I'm sure he's planning to stay for 7 more years in the US, the next French presidential elections are next year and it's going to be a fucking mess.
If you feel like improving your french reading, I advise you to read the complete review he did about most of Touch & Go albums to celebrate in his own way the 25th anniversary of the label.

So what a surprise when I saw that he reviewed Pa Capona and I can honestly say that he liked it a lot.


VENTURA
PA CAPONA [CD]
GET A LIFE! RECORDS 2006

Ma sale manie de toujours lire les bios avant de faire tourner les disques m’a d’abord fait croire que ce Pa Capona ne serait pas pour moi, tout cela à cause d’une étiquette emo pop qu’ils se sont collée. Ils rajoutent qu’ils sont un trio d’obédiance noise venant de Suisse romande, que leur groupe comprend des membres d’Illford et Iscariote (et de Shovel, aussi, il semblerait) et qu’ils vouent un culte à l’âge d’or de Touch And Go et Amrep. Voilà qui est un peu mieux, j’appuie sur play.

Pour Amrep, ils peuvent repasser. Pour Touch And Go, ce n’est pas vraiment ça non plus. Pour la noise, on verra plus tard. Pour l’emo, ils ont vu juste.

Emo, oui, mais emo à la Dischord, l’emo avec la tête haute, les couilles bien pendues et mon doigt qui n’arrête pas d’appuyer sur ce triangle dès la fin du quatorzième morceau, celui qui est caché.
Jamais un disque “emo” de m’aura autant fasciné depuis la sortie de Con Art, le chef d’œuvre de Smart Went Crazy, groupe grandiose de D.C. honteusement passé inaperçu. Je ne m’en remets pas, nouvelle écoute. Ventura utilise les mêmes ficelles invisibles qui faisaient de Con Art l’entourloupe parfaite : la variété des plans est tout simplement extraordinaire, les surprises pullulent, des idées différentes germent à chaque instant, des parties en 5/4 surgissent de nulle part, les mélodies sont à peine croyables, les ambiances (ou émotions) varient comme si elles obéissaient à une logique qui m’échappe encore, la basse peut claquer comme dans le Chicago sound ou se faire imperceptible, les pêches, contretemps et saccades imposées par une batterie en tous points majestueuse font que oui, ils avaient aussi raison quand ils parlaient de noise, et quand la violence se dégage enfin, c’est sur deux ou trois mesures, juste avant de retomber dans un magnifique final tout en arpèges, son clair, sûrement post-rock, de la trempe d’un Sharks Keep Moving. Un tour de force phénoménal, un disque d’une intelligence rare.

Je ne compte plus combien de fois cela fait que je pousse le bouton de lecture, même si maintenant c’est uniquement pour le plaisir, sans analyse, sans penser que je dois rédiger une chronique. Ce cd, après trois jours, j’ai l’impression de le connaître par cœur, tout en sachant qu’il fait partie de cette race qui révèle quelque chose de nouveau à chaque écoute. Je sais me la jouer “émo” moi aussi et je vais vous dire ce qui a fait que j’ai adoré cet album dès les premières minutes, toujours en employant la même méthode du “j’aurais pas dû aimer”. Un premier morceau qui dit, dans un style certes plus élaboré : “Prends pas ta caisse, dude, t’es bourré comme un âne”, je devrais en toute logique le retourner à l'envoyeur, au mieux le négliger, même si une touche certaine d’humour noir l’enrobe. Oui mais. Oui mais cette putain de voix est incroyable ! C’est tout d’abord l’accent anglais qui m’a troué le cul. On comprend tout ce que ce type dit, absolument tout, son élocution est parfaite, chaque mot est au bon endroit, les paroles sont ludiques, souvent amusantes, toujours smart ass - la seule faute de goût vraiment, c’est qu’il écrit color avec un u. Et puis surtout il a la chance de posséder ce timbre... Je ne sais même plus tout ce que j’ai pu énumérer comme similitudes au long de ces innombrables écoutes sans réellement mettre le doigt dessus... Perry Farrel, Kurt Cobain, Black Francis, Shudder To Think, Bivouac, Psychedelic Furs, Smart Went Crazy, Albini, Drive Blind, Slint... Je n’ai pas su arrêter avant que ça ne devienne trop ridicule, mais j’ai vite compris que la réalité était que ce mec avait son truc, un style unique.

C’est sur Get A Life!, c’est limité à 1000 exemplaires (je n’étais pas très loin du perfect : 066/1000) et la pochette, qui se plie plus simplement qu’une carte Michelin mais que j’ai niquée dès la deuxième ouverture, nerveux que j’étais de replonger dans l’univers de Ventura, est superbe (si ça avait été une linographie, ça m'aurait bien aidé, mais elle n'est que sérigraphiée...), avec un poster en insert. Une fois que je vous aurai précisé que Pa Capona signifie “ne pas baisser les bras” en romanche, tout sera dit.Je ne vois aucune raison de ne pas faire péter un bon (10/10)
{Bilou}